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Pourquoi partir au CES ? Que faut-il en attendre quand on est ni un industriel ni une start-up ?

Y aura-t-il un retour sur investissement pour l’agence ? Après tout, un grand nombre de sites spécialisés propose de suivre en temps réel toute l’actualité et les tendances du salon.

Voici quelques-unes des interrogations que j’avais en tête avant de partir pour mon premier CES. Toutefois si, comme nous le croyons, un des rôles majeurs d’une agence de communication est d’être en phase avec son temps tout en ayant un regard porté vers l’horizon, alors venir au CES c’est être au coeur des innovations de rupture et des futurs usages.

Ce feedback est forcément incomplet et peut-être sous un angle trop “communication digitale”, mais c’est le prisme de l’agence.

La marque qui fait faire

Liens

Media Molecule VS Sony

http://www.youtube.com/watch?v=zmt4g940_nQ

Sony - Projecteur Life Space UX

http://www.theverge.com/2014/1/7/5285878/
sonys-life-space-ux-projector-ces-2014

Sans vouloir faire ma groupie de base (non non non), la conf’ de Sony a brillamment lancé le CES, que ce soit sur le fond comme sur la forme. Sur la forme d’abord : les slides étaient produits à la main par de “vrais gens” de Media Molecule et diffusés sur scène en temps réel/
Sur le fond ensuite, car la marque nippone se repositionne comme un outsider et n’affiche plus l’ambition d’être le premier mais bien un pourvoyeur d’émotions. Le mojo de Sony est Kondo c’est-à-dire l’émerveillement, l’inspiration que doit procurer un produit ou service de la marque, une sorte d’effet ”waouh” centré sur l’utilisateur.
A titre d’exemple Kaz Hirai explique que le Cloud en lui-même n’est pas WOW : le WOW surgit quand nos sens sont sollicités. Afin d’illustrer son propos, Kaz égraine les succès de la marque (le Walkman, la Playstation) tout en en reconnaissant qu’ils se sont aussi trompés à de nombreuses reprises (avec MiniDisc par exemple) et que, parfois, même le meilleur produit peut perdre face à un compétiteur massivement adopté par le public (Betamax vs. VHS).
Sony s'attèle donc à redevenir une marque désirable et s’adresse aux générations X et Y en les nommant “generation remix” : à la différence de leurs aînés qui devaient s’adapter à la technologie, cette génération façonnera la technologie sa volonté. Ils contrôleront la technologie, et non l’inverse.
Ces différents messages sont clairement adressés à ses principaux rivaux : Samsung et Microsoft. Face à leurs surenchères technologiques, la marque nippone répond par l’inspirationnel (comme avec le projecteur Life Space UX) et la mise à disposition de contenu n’importe où, n’importe quand notamment avec la SVOD et un accord historique avec Netflix. Ou avec le Playstation Now, offre de cloud gaming permettant de jouer à n’importe quel jeu PS3 sur PS4, tablette ou smartphone.
Même si elle ne répond pas à toutes les questions posées (Est-on vraiment source d’inspiration avec un projecteur à 30 000$ ? Comment s’adresser à la génération remix ?), la keynote de Kaz Hirai illustre parfaitement le nouveau positionnement et l’ambition de la marque, et s’inscrit en résonance du succès du lancement de la PS4.
Big Data et
little boulette
La keynote Brand Matters s’est déroulée en deux temps : d’abord Dick Costolo (CEO Twitter) et Maurice Lévy (Publicis) puis Carolyn Everson (Vice-Président Facebook), James Farley (Vice-Président Ford), Michael Kassan (CEO Medialink), Scott Dorsey (CEO Salesforce) et Andy England (Vice Président MillerCoors).
L’impossibilité d’avoir des représentants de Twitter et Facebook sur un même plateau a-t-elle imposé ce découpage ? On y reviendra…
Le premier fait marquant de la conf’ est la prise à partie par Maurice Lévy des USA concernant les données personnelles, que ce soit au sein des réseaux sociaux comme pour le big data ou via les objets connectés. En effet le président de Publicis a clairement expliqué que si une marque veut créer de l’engagement, elle doit garantir à ses clients qu’elle respectera sa vie privée et que ses données ne seront pas utilisées ou transmises à son insu. Prenant l’exemple de Snowden et de la NSA, Maurice Lévy a opposé à ce « système » la CNIL et la relative transparence que cet organisme a favorisée entre les annonceurs et les citoyens. Entendre le CEO de Publicis donner des leçons de bonne conduite au boss de Twitter (avec qui il venait de signer un deal de 600 M$) et aux américains en général - avec un petit sourire en coin et sur le ton d’un « I’m just an old man and sorry for my English » - restera un des moments forts de ma semaine.
Illustration parfaite de la mise en garde de Lévy, la seconde partie de la conf a vu le Vice-Président de Ford en charge de la communication et du marketing se prendre les pieds dans le tapis de la blague qu’il ne fallait pas faire : les intervenants discutaient objets connectés et récupération des données personnelles, et notre cher James a ironisé sur le fait qu’avec ses voitures connectées, Ford savait parfaitement qui parmi ses clients respectait la loi ou non. Suivi d’un magistral « HA HA HA ». Silence gêné des speakers. Grand froid dans l’assistance et James obligé d’ajouter « non mais ne vous inquiétez pas nous conservons ces infos pour nous seuls ». Le VP de Ford, depuis, a fait marche arrière
http://www.businessinsider.com
Cette boulette, voire faute professionnelle pour un communiquant, ramène au premier plan les inquiétudes légitimes que nous avons tous sur la protection de nos données personnelles et sur l’utilisation de celles-ci par les marques / services. On peut parfaitement comprendre que Ford utilise ces données, de manière anonyme, pour améliorer la sécurité active de ses véhicules, voire transmettre, anonymement une fois encore, des éléments statistiques à la Sécurité Routière pour améliorer la prévention. Pour autant, utiliser ces données à des fins mercantiles, sans l’accord de l’utilisateur, est inacceptable et aujourd’hui aucune garantie n’est donnée au consommateur.
Last but not least, durant la première partie de la keynote, Dick Costolo et Maurice Lévy arboraient un magnifique pin’s Twitter ce qui n’a pas plu à Carolyn Everson de Facebook et qui a imposé qu’on ajoute un pin’s Facebook à Lévy lors du changement de speaker. Grosse ambiance et franche camaraderie entre les deux géants américains…

Le déplacement au CES s’est inscrit dans un double combo
organisationnel : d’une part avec une délégation régionale
organisée autour du Pôle TES (http://www.pole-tes.com),

elle-même imbriquée dans une organisation nationale
« Mission CES ».
Les responsables de Mission CES nous
proposaient tous les soirs un débriefing au Flamingo
et invitaient des entrepreneurs français
à partager leur expérience
et les grandes orientations futures.

























Une des rencontres enrichissantes fut celle avec Henri Seydoux, patron de Parrot et père de Léa, qui est venu nous présenter ses deux derniers bébés : le Jumping Sumo et le MiniDrone. Henri Seydoux a relativisé la présence très médiatisée des exposants français sur le salon en termes de business / CA : les entreprises françaises sont innovantes et créatrices/ves mais ne savent pas (ou pas assez) transformer l’idée en marché.
Il a également évoqué les difficultés pour une boîte comme Parrot de passer d’objets High Tech et assez sérieux, à des jouets, et les différents freins externes mais aussi internes à lever. En découle, une attente fébrile de l’accueil des journalistes et visiteurs dans le cadre du CES. Pari gagnant pour Parrot si on en juge par la foule sur le stand, la couverture médiatique et le buzz généré.
Pour l’anecdote, Henri Seydoux nous a également expliqué que l’on ne fait pas de business durant le CES mais principalement des RP et que le nombre d’unités produites pour chaque nouveauté se décide, « au doigt mouillé », quelques jours après la fin du salon. On est loin des démarches études…
Nous avons également échangé avec Rafi Haladjian, PDG de sen.se, qui vent de lancer Mother sen.se. Mother est un objet Hub qui récupère les données transmises par des « Cookies », des petits galets “équipés d’une puce, d’un accéléromètre et d’un thermostat”. En clair ? Vous pouvez placer un cookie dans votre poche et cela devient un podomètre ; sous votre matelas, et il analysera la qualité de votre sommeil ; dans le cartable de Kévin, et il vous enverra un mail pour vous prévenir qu’il vient de rentrer de l’école (freaky oui je sais…).
La réflexion de Rafi Haladjian sur les objets connectés peut se résumer ainsi : il ne faut pas créer un “smart object” par usage mais bien avoir envie de concevoir un environnement suffisamment flexible où chaque usage peut trouver sa place. Il y aura donc un appstore dans l'écosystème de Mother avec des applications exclusivement gratuites.

https://sen.se

Anthony Gongora est l’homme derrière ((sounderbox)), le jukebox collaboratif. L’idée de l’application, qui fonctionne via un boitier et une app, c’est de créer une play-list musicale collective grâce à une interface, où chacun sélectionne son titre préféré avec son portable.

Plus de problème avec le dj relou qui ne veut passer que sa propre play-list. Idée toute simple,
interface assez sexy, gros
potentiel à marcher très fort (d’ailleurs, c’est
((sounderbox)) qui a
assuré la partie musique
de la soirée French Tech
en présence de Fleure Pellerin et Yvon Gattaz!).

http://www.sounderbox.com/
Bon en dehors du fait que la brosse à dents vous
indique si vous faites le bon mouvement durant assez
longtemps, l’intérêt (et l’idée initiale de cet ancien de
chez Google) est de vérifier que vos enfants se sont
effectivement bien brossés les dents. Alors encore
une fois ça sent un peu Big Brother mais on met une
bonne couche de gamification sur tout ça (avec
objectifs à atteindre, récompenses, comparatifs
entre les différents membres d’une famille)
via une appli sur smartphone.
Gros buzz sur le salon.
Des échanges aussi avec Michael Amar,
CEO, de ifeelgoods qui propose des solutions d’incentives (en français, inciter à une action par la motivation d’une récompense), avec des offres promo basées sur de l’instant reward et plus particulièrement sur des jeux ou de la musique. Plutôt que de pousser un discount de 10€ sur une prochaine commande, ifeelgoods proposera à un mobinaute le dernier Angry Birds Star Wars par exemple. Ils affichent des taux de conversion supérieurs de 30% et une amélioration de 60% des partages sur les réseaux sociaux. Bien vu…

http://www.ifeelgoods.com/
Et enfin Nicolas Binet et Marion Brette de Smart Flows
qui commercialisent une solution permettant d’interroger en temps réel les smartphones des visiteurs d’un lieu (musée ou galerie marchande par exemple) et d’obtenir des données statistiques et comportementales intégrées à des dashboards assez sexy. Belle solution.

http://www.smart-flows.com/
Moss par Modular Robotics

Construire ses propres robots de manière intuitive et fun devient possible avec Moss. Avec ou sans programmation et contrôlé via tablette ou smartphone. Top !

http://www.modrobotics.com/
Le Durovis Dive

Ou comment faire un Oculus Rift light pour moins de 60€ TTC…

http://www.durovis.com/
Panono Ball

Une balle qui prend une photo à 360° une fois arrivée en haut de courbe et après on peut naviguer dans la photo via tablette. Bluffant et 1 M$ récoltés sur Kickstarter…

http://www.panono.com/
Les imprimantes 3D et le scan 3D de 3D Systems

Le gap qualitatif de l’impression 3D est impressionnant. Les nouveaux matériaux sont très présents que ce soit le sucre ou encore la céramique (qu’il faudra ensuite passer au four). 3D Systems propose également un scan 3D manuel pour moins de 300$. Bluffant.

http://www.3dsystems.com/
Le du-touch de Dualo

C’est instrument de musique mobile et autonome dont la forme rappelle vaguement l’accordéon. C’est à la fois un contrôleur, un synthétiseur et un séquenceur. Sacré Français.

http://dualo.org/
Displair

De l’air propulsé qui devient un écran tactile, c’est assez magique même si la définition reste à améliorer.

http://displair.com/
AllJoyn de Qualcomm

Le framework AllJoyn nous a été présenté via une maison connectée. Que ce soit dans un salon, une cuisine ou une chambre, des objets connectés de différents fabricants (frigo, chaînes HI-FI, TV, système de sécurité) sontinteropérables et exmple via une interface unifiée. À quand un système équivalent sur les wearables (objets que l'on porte sur soi comme les lunettes connectées par exemple) ?

https://www.alljoyn.org/
Playstation Now

Service de streaming de jeux de Sony qui fonctionnera sur consoles (de la PS3 vers la Vita par exemple) mais aussi sur tablettes ou smartphones. On a pu jouer à The Last Of Us sur Vita et le résultat était très bluffant.

http://us.playstation.com/playstationnow/
Life Space UX de Sony

Tester en behind closed doors le projecteur 4K de la firme nippon restera un beau moment de ce CES. Le design de l’objet, la qualité et la taille de l’image… Seul son prix fait redescendre sur terre (30 000$ annoncé).

http://www.sony.net/Products/4k-ultra-short-throw/
Moverio BT-200 par Epson

Les smart glass d’Epson sont à suivre de très très près car outre les fonctionnalités traditionnelles (motion tracking, GPS…), elles proposent une ergonomie et un design plus avancés que ses concurrentes. Avec en plus 2 écrans (un par verre) et de la réalité augmentée de bonne facture (la démo tournée sous Unity). SDK/API pour 700$, on va tester ça rapidement.

http://www.epson.com/cgi-bin/Store/jsp/Landing/moverio-bt-200-smart-glasses.do
PrioVR

La claque gaming du salon : un équipement qui permet d’interagir dans un jeu avec l’intégralité de son corps. C’est simple à prendre en main (a priori), précis et couplable avec Oculus Rift avec un SDK. Ils sont en plein Kickstarter.

http://www.priovr.com/
Oculus Rift V2

Jouer à Half Life 2 avec les nouvelles Oculus revient à redécouvrir ce jeu vieux de 10 ans. L’immersion dans City 17 avec ces lunettes est juste incroyable.

http://www.oculusvr.com/
Des innovations en veux-tu en voilà, dans les mains des plus brillants ingénieurs, dans les cerveaux des plus grands stratèges, sur des centaines de stands au CES… Des innovations techniques et technologiques, auxquelles il faut sans cesse injecter du sens.
Parmi tous les objets connectés que j’ai pu voir durant le CES, aucun n’indiquait clairement ce qu’il pouvait advenir des données collectées. Couplé à la sécurité et à l’interoperabilité, c’est un des enjeux auxquels devra répondre l’IoT (Internet of Things) lors des prochaines années. Cet Internet des objets devient un Internet compagnon - est-il le meilleur ami de l’homme pour autant ? - avec une véritable acculturation de la technique par les usagers, une véritable appropriation des innovations, au quotidien.
Quoiqu’il en soit tout cela fait une belle liste de course d’objets à acquérir, de technologies à tester et à détourner. On va bien se marrer… et bien se mesurer ! Avec ce quantified self de plus en plus permanent, l’individu est quantifié, tout comme les centaines de stands du CES, mais il ne faut pas pour autant oublier le qualitatif !
Pourquoi partir au CES ? Afin de “prendre cette température” par soi-même, sans prisme ou déformation, d’identifier en amont les exposants que l’on souhaite rencontrer tout en se laissant du temps pour en découvrir d’autres au hasard des déambulations, et aussi, surtout, faire de belles rencontres qui devraient amorcer de nouvelles collaborations ; voilà pourquoi (et aussi pour l’odeur de vanille si prégnante que nous avons subi durant tout le séjour au Harrah’s).
Jérôme Caudrelier


Visuels et vidéos provenant des marques exposantes, des journalistes et de Casusbelli.